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30 July 2008

Trop epuisee hier soir pour finir mon histoire... Revenons en a nos moutons.
J arrive donc a la gare d Haridwar, d ou je prends immediatement un bus en compagnie d un coreen un peu hirsute et timide et de 150 indiens surexcites. Un ado a lunettes qui zozote un peu joue du djembe tres fort et chante joyeusement avec ses comparses. Leur voisin de siege, le regard vide, fouille methodiquement et avec insistance sa narine gauche, a l aide de deux doigts (je crois que s'il pouvait mettre la main entiere, il le ferait). La rue est pleine de pelerins habilles en orange (tiens, ca rappelle queen's day a Leiden!) sauf qu il venerent pas la reine des Pays Bas mais Shiva (je me suis gouree en fait, c etait pas Vishnu) avec sur les epaules de grandes cannes decorees de papier de couleurs, morceaux de trucs brillants, images de divinites, qu il vont apres balancer allegrement dans le Gange. Le trajet prend donc 2h au lieu de 45 minutes et devient perilleux quand  le chauffeur fait des exces de zele sur certains virages miraculeusement vides, ou traverse une semi-riviere jonchee de blocs de pierres. A chaque obstacle surmonte, le jeune binoclard s'exclame tres fort un truc qui ressemble a 'achekapanjamiiiiiii!' et tout le bus repond : 'tche!'. Je sais pas trop si cette sorte de mantra signifie 'mec t assures un max' ou 'merci Shiva'... J'en viens presque a prier Shiva aussi quand le bus reste bloque aux trois quart d une montee un peu abrupte... il retrograde, encore, encore, mais meme en premiere ca n avance pas, et les freins n ont pas l air de la premiere jeunesse... Finalement une bande de pelerins marchant derriere se met a pousser et nous passons le cap. Il en profitent pour sauter en marche et voyagent accroches derriere. 'ACHEKAPANJAMIIII, TCHE !' (cette fois ci, je suis in). 
A l arrivee au centre de Rishikesh, ca grouille encore de monde, mais je me dis en montant ds un rickshaw que le quartier de Lakshman Jula, ou ma guesthouse se trouve, sera surement plus calme. Rien de tel, je m'en rends compte sur le trajet, il semble que la foule converge vers mon hotel (enfin, vers Lakshman Jula en general, j'espere). Le rickshaw peine de plus en plus pour avancer, et finit par m ejecter dans une pluie battante. En 8 secondes, je suis trempee, terrorisee par cette foule hostile, je m agrippe a mon sac et je me debrouille pour traverser le pont plein a craquer qui surmonte le Gange pour atteindre ma guesthouse sur l autre rive, en pestant contre les rustres qui en ont profite pour me tripoter dans la cohue. 
Je dors 17 heures d affilee, en esperant me reveiller n-importe ou mais pas ici... Au petit matin (encore une expression craignos), je realise a contre coeur que le paysage est effectivement magnifique, on dirait un peu un royame perdu dans une montage magique, et le Gange est pas si degueu que ca. Par contre les rues sont toujours aussi pleines et je me refugie dans un resto, ou je m eternise devant un cafe et un bol de cereales (un peu en signe de rebellion contre ce pays et ses habitants pour lesquels j ai de moins en moins de sympathie). A la table d a cote, un hippie espagnol qui ressemble a Jesus explique a un tibetain (c est un resto tibetain) que 'everything is love you know, even chinese people, no must not hate, all love, all religion is love, love purpose of life'. Genial, la seule personne occidentale que je croise a l air encore plus taree que les pelerins... Finalament, une fille seule de 25 ou 30 ans debarque, s assied a cote et je l examine des pieds  a la tete afin de m assurer qu'elle est plus ou moins normale avant de l aborder. Quand elle pouffe en entendant le bullshit deblatere par l autre illumine, je me decide a l aborder. Elle s appelle Melissa, est australienne et enseigne l anglais a des petits dans une ecole pour enfant defavorises. Apres qu elle ait donne ses restes de pizza a Jesus (il se nourrit de reste), on part pour une balade aux chutes d eau du coin mais on se fait stopper net ds la montee par des flics qui nous disent 'waterfall close'. Tans pis.  A la place, on se fraie un chemin dans la pente buissoneuse qui mene au Gange, et on arrive a une vraie plage, avec du sable fin et une eau relativement claire ! Le pied ! Je suis quand meme un peu reticente a m immerger completement mais deux jeunes espagnoles a moitie a poil (a l air un peu bargeot quand meme) le font, alors je me jette a l eau ( c est le cas de le dire) mais habillee ! C est tres tres froid mais exactement ce qu il me falllait apres 2 jours dans la fournaise ! Elles ns expliquent ensuite que les waterfalls sont pas fermees masi qu'une femme indienne leur a dit qu il y a la bas des hordes d indiens males qui se bourrent la gueule et perdent un peu le controle, donc que c est pas une tres bonne idee pour nous d y aller. C est pas les flics qui allaient nous dire ca, forcement...
Le reste de la journee est chouette, cours de yoga avec un petit professeur qui payait pas de mine, bedonnant, tres effemine, et qui begayait un peu ('now you have zee aveeeeereness of your th-th-thiiiiird tooooe') mais assez exigeant et tres attentif a verifier la posture de chacun (mes courbatures le lendemain en ont temoigne). Fin de soiree en compagnie de Melissa, pour qui tout est 'beauuuuutiful' (les vieux, les enfants, les vaches, le temps, le paysage, la bouffe...), ou 'shanti shanti' (les vieux, les enfants, les vaches, le temps, le paysage, la bouffe...) et Alexandra, une Israelienne, qui n avait pas l air d avoir plus de 21 ou 22 ans, que son pere a envoyee en Inde pour l initier au businness: elle doit se debrouiller pour trouver un manufactureur de textiles pas cher a Dehli, et faire un contrat avec lui, lui filer des modeles qu elle va ensuite revendre un Isreal. Tout ca avec des grands yeux candides, une voix toute douce et un anglais pas vraiment terrible : bonne chance. Mais tres gentille fille. 
J abrege car mon estomac gargouille (on dirait que je passe mon temps a manger en lisant ce blog, haha!). Hier, on etait parties pour une visite a la cascade de Neergarh avec Melissa et les espagnoles illuminees mais une personne en attirant une autre qui en attire une autre, on s est retrouves a 8 en file indienne sur la route brulante qui mene a Badrinath, suant comme des porcelets (non je sais , ca ne sue pas les porcs), suivis par un ptit chien galeux et amical, devenant un peu plus sourd a chaque camion qui nous depassait et nous saluant en klaxonnant pendant 3 secondes non stop. Apres 1 bonne heure de marche sur la route, on monte enfin a travers la foret pour atteindre les chutes d eau. Il y a donc Melissa, qui est rouge a faire peur, Martha l espagnole qui danse sans musique et pousse des cris stridents quand elle trouve que le monde est beau, sa copine Lorena qui ramasse methodiquement les vieux papiers de bonbons qui jonchent le chemin pour nettoyer la planete, Noam, qui est professeur de biologie et se fait presser les points noirs du dos par Lorena a la cascade, Emanuel, son pote israelien qui passe sa vie a voyager et a un gros Ganesh tatoue dans tout le dos, Ana, une suedoise dont les cheveux (henne) sont de la meme couleur que le t/shirt (orange-rouge vif), qui est de la meme couleur que sa peau (coup de soleil) mais qui s acharne a ne pas mettre de foulard sur ses epaules, Bidule, une anglaise qui trouve rien de mieux a faire que de se baigner en soutif a dentelle noire a la cascade, ce qui draine inevitablement toute la population male alentour a la cascade. On se fait scruter comme des singes dans un zoo, pointer du doigt, prendre en photo, et la comparaison atteint son comble quand les indiens nous refilent des mangues ! La baignade et le massage naturel sous la cascade sont tres agreables, on papote, on se repose, avec en bruit de fond les chansons israeliennes de Noam et son pote, les cris periodiques de Martha et le rire des indiens dodus qui pataugent comme des enfants en se goinffrant de pain, de samosas,  et de trucs bizarres qu 'ils essaient de nous refiler mais on dit non. Trop creves pour le retour apres la petite marche a travers la foret, on benit le ciel quand un tracteur sympa accepte de nous ramener en ville ! La suite de soiree est tout aussi chouette, Pyramid Cafe de nouveau avec Melissa et discussions profondes dans la nuit indienne en picorant des momos,  sortes de raviolis tibetains, delicieux mais beaucoup trop abondants (dont nous donnerons une partie aux vaches sacrees etalees dans les rues en rentrant).
 Ces deux jours m'ont reconcilie avec Rishikesh, mais je commence a comprendre que ou que j aille, les debuts seront toujours difficiles et dephasants... C est surement le prix a payer pour ensuite apprecier a quel point l Inde peut etre shanti shanti...

22 August 2006

Nouvelles du front. Hier, periple indien en bus a l extreme sud, la ville de la pointe qui separe ocean indien et mer arabic : Kanyakumari ou Cape Comorin (oui, chaque ville indienne a 2 noms, ce qui facilite encore plus les communications avec les locaux comme vous pouvez imaginer...). 4h30 dans un bus assez delabre mais correct avec Sabrina la st galloise, seule escale : 10 minutes a Trivandrum durant laquelle je m etais endormie, le bras pendant par la fenetre... Reveillee en sursaut par un cingle vendeur de journeaux et de biscuits aux cacahutetes qui me tapait sur le bras avec son Hindi Times pour attirer mon attention. Arrivee a la ville vers 13.30, calme impressionnant par rapport a Trivandrum. Normal, cest une ville de pelerinage ou les touristes sont aussi nombreux que les vendeurs d anoraks ( c est a dire peu, pour ceux qui ne suivraient pas...). Autre difference, a Kovalam les vendeurs et restos te harcelent vocalement pour que tu rentres. Ici, c est carrement physique (mec avec un perroquet en cage : "if you give me 500 rupees, i release the bird"). Autre etrangete : des vieux clodos dont la seule possession est une balance (oui oui un pese personne) et qui attendent devant les temple. Trip mystique en rapport avec l hindouisme demandais-je plus tard a des erudits ? Non c est juste pour se faire du fric, c est 5 rupees la pesee et comme la plupart des indiens n ont pas de balance ca marche. Apres avoir visite le rocher du "wandering monk", Vivakananda, ou on est arrivees par ferry (plutot touristique et ininteressant) puis le musee Vivakananda (oui ce moine de la fin 19eme est une vraie star ici, il a offert son corps en pitance a un tigre histoire de se sentir utile, mais le tigre aurait dit "bof non en fait je te laisse la vie", la classe pour Vivakananda)ou un drole de vieux guide aux dents rares me donnait de grandes tapes dans le dos chaque fois que je temoignait un peu d interet pour sa culture ("This one is goddess Parvati, right ?" "yes very good very good !" et vlan, une grande claque dans le dos). Bref apres tout ca, on s est enfin decidees pour le temple, qui etait le but de notre visite, sachant que dans le Kerala, les non hindus ne peuvent pas rentrer dans les temples et qu ici, dans le Tamil Nadu, ils peuvent. De l exterieur, on aurait dit un immense supermarche Leclerc peint en raye rouge et blanc, genre gros bloc bien laid (et apres on vante les beautes des temples hindus...). A l entree, on se fait harponner par une abjecte creature dont la ressemblance avec Gollum du Seigneur des Anneaux etait assez troublante : 1m35, age indefinissable, la peau sur les os, le dos voute,l oeil malicieux et bien sur les dents pourries, vetu en tout et pour tout d un vieux tissu faisant office de slip. Seule difference : la couleur de la peau et celle du slip. Bref, telles des hobbits peu rassurees, nous nous faisont entrainer dans le sombre temple ou des la premiere statue, le ton est donnee. Gollum nous mime explicitement qu il faut qu on s agenouille et se prosterne 3 fois ("tritaaaaymes, tritaaaymes"), puis il se trempe les doigts dans une coupelle remplie d huile surement sacree et nous frictionne le haut de la tete avec. Ensuite, il faut filer du fric pour avoir une offrande (feuille de bananier avec des fleurs dedans, plus du ketchup et de la moutarde - bon ok, surement du safran ou un truc du genre)a filer a la deesse Parvati, la star du temple (qui avait un piercing au nez, "daymooond, daymooond" nous expliqua gollum) et de nouveau "tritaymes tritaymes" devant sa statue, huile sur la tete, et notre guide nous dessine le fameux bhindi sur le front avec la moutarde et le ketchup. Ca continue dans tout le temple, prosternation, huile et priere devant les pelerins eux aussi en slip qui nous regardaient d un air indefinissable. Le summum de l humiliation est atteint a mi parcours au moment ou notre ami gollum nous demande cette fois de nous prosterner devant... un mur. Un simple mur. "ca sent la couillonnade" dis-je a sabrina. Bref, 2 minutes plus tard, gollum nous fait assoir et nous fait comprendre qu il faut "moni, moni" .Apparement, son vocabulaire anglais se resumait en tout et pour tout aux trois mots "three times", "diamond" et "money"... efficace puisqu on lui donne 15 rupees, en braves touristes. Malheuremusement, Gollum s enerve (oui comme dans le film quand il essaie de piquer l anneau a Frodon) car il voulait plus, bien plus. C en etait decidement trop avec le coup du mur, alors je decidai de trouver la sortie moi meme. Je me rendis vite compte que c etait mission impossible et c est finalement notre ami qui avait retrouve le sourire qui nous guida vers la lumiere, autrement dit la plage. Soulagees, on est parties retrouver notre bus apres s etre ravitaillees en bananes rouges pour le trajet (bien meilleures que les jaunes, va savoir pourquoi). Ces bus indiens sont une reelle experience qui saura combler tous vos sens. L ouie d abord : des klaxons incessants pour tout et rien, les discussions mouvementees entre controleur de billet et passagers, et surtout l etrange vacarme du moteur, qui ne laisse presager rien de bon quand a la fiabilite de l appareil. L odorat ensuite : un joyeux melange compose de gaz d echappement, de sueur et de curry, qui remonte des stands de bouffe installes le long des routes. La vue n est pas en reste : rizieres comme sur les cartes postales, inombrables petits shops d epices (comme sur les cartes aussi), vieil indien qui remet sa jupe (je temoigne, ils ont bien un slip en dessous), vache qui mange des sacs en plastique... Cote touche, en fait, c est surtout la barre de metal du siege avant, veritable sauveur de vie, seul objet auquel se raccrocher quand Shakandi (dieu sait son nom) le driver, prend un virage a 120 degres tout en depassant un camion de noix de coco et en evitant une vache sur le cote droit. Dans ces cas la, je ferme les yeux et je prie pour qu on retrouve mon corps rapidement, si possible dans une position dramaturgiquement interessante, le teint diaphane et un sourire fige sur le visage, plutot que 6 semaines plus tard, dans un buisson, le corps dechiquete par les vers et les mouches. Finalement, je suis toujours la et les seuls sequelles de ce voyage furent les incroyables quantites de crasse (et d huile sacree) evacuees dans la douche le soir meme et une grande envie de recommencer, cette fois en train pour voir...