J arrive donc a la gare d Haridwar, d ou je prends immediatement un bus en compagnie d un coreen un peu hirsute et timide et de 150 indiens surexcites. Un ado a lunettes qui zozote un peu joue du djembe tres fort et chante joyeusement avec ses comparses. Leur voisin de siege, le regard vide, fouille methodiquement et avec insistance sa narine gauche, a l aide de deux doigts (je crois que s'il pouvait mettre la main entiere, il le ferait). La rue est pleine de pelerins habilles en orange (tiens, ca rappelle queen's day a Leiden!) sauf qu il venerent pas la reine des Pays Bas mais Shiva (je me suis gouree en fait, c etait pas Vishnu) avec sur les epaules de grandes cannes decorees de papier de couleurs, morceaux de trucs brillants, images de divinites, qu il vont apres balancer allegrement dans le Gange. Le trajet prend donc 2h au lieu de 45 minutes et devient perilleux quand le chauffeur fait des exces de zele sur certains virages miraculeusement vides, ou traverse une semi-riviere jonchee de blocs de pierres. A chaque obstacle surmonte, le jeune binoclard s'exclame tres fort un truc qui ressemble a 'achekapanjamiiiiiii!' et tout le bus repond : 'tche!'. Je sais pas trop si cette sorte de mantra signifie 'mec t assures un max' ou 'merci Shiva'... J'en viens presque a prier Shiva aussi quand le bus reste bloque aux trois quart d une montee un peu abrupte... il retrograde, encore, encore, mais meme en premiere ca n avance pas, et les freins n ont pas l air de la premiere jeunesse... Finalement une bande de pelerins marchant derriere se met a pousser et nous passons le cap. Il en profitent pour sauter en marche et voyagent accroches derriere. 'ACHEKAPANJAMIIII, TCHE !' (cette fois ci, je suis in).
A l arrivee au centre de Rishikesh, ca grouille encore de monde, mais je me dis en montant ds un rickshaw que le quartier de Lakshman Jula, ou ma guesthouse se trouve, sera surement plus calme. Rien de tel, je m'en rends compte sur le trajet, il semble que la foule converge vers mon hotel (enfin, vers Lakshman Jula en general, j'espere). Le rickshaw peine de plus en plus pour avancer, et finit par m ejecter dans une pluie battante. En 8 secondes, je suis trempee, terrorisee par cette foule hostile, je m agrippe a mon sac et je me debrouille pour traverser le pont plein a craquer qui surmonte le Gange pour atteindre ma guesthouse sur l autre rive, en pestant contre les rustres qui en ont profite pour me tripoter dans la cohue.
Je dors 17 heures d affilee, en esperant me reveiller n-importe ou mais pas ici... Au petit matin (encore une expression craignos), je realise a contre coeur que le paysage est effectivement magnifique, on dirait un peu un royame perdu dans une montage magique, et le Gange est pas si degueu que ca. Par contre les rues sont toujours aussi pleines et je me refugie dans un resto, ou je m eternise devant un cafe et un bol de cereales (un peu en signe de rebellion contre ce pays et ses habitants pour lesquels j ai de moins en moins de sympathie). A la table d a cote, un hippie espagnol qui ressemble a Jesus explique a un tibetain (c est un resto tibetain) que 'everything is love you know, even chinese people, no must not hate, all love, all religion is love, love purpose of life'. Genial, la seule personne occidentale que je croise a l air encore plus taree que les pelerins... Finalament, une fille seule de 25 ou 30 ans debarque, s assied a cote et je l examine des pieds a la tete afin de m assurer qu'elle est plus ou moins normale avant de l aborder. Quand elle pouffe en entendant le bullshit deblatere par l autre illumine, je me decide a l aborder. Elle s appelle Melissa, est australienne et enseigne l anglais a des petits dans une ecole pour enfant defavorises. Apres qu elle ait donne ses restes de pizza a Jesus (il se nourrit de reste), on part pour une balade aux chutes d eau du coin mais on se fait stopper net ds la montee par des flics qui nous disent 'waterfall close'. Tans pis. A la place, on se fraie un chemin dans la pente buissoneuse qui mene au Gange, et on arrive a une vraie plage, avec du sable fin et une eau relativement claire ! Le pied ! Je suis quand meme un peu reticente a m immerger completement mais deux jeunes espagnoles a moitie a poil (a l air un peu bargeot quand meme) le font, alors je me jette a l eau ( c est le cas de le dire) mais habillee ! C est tres tres froid mais exactement ce qu il me falllait apres 2 jours dans la fournaise ! Elles ns expliquent ensuite que les waterfalls sont pas fermees masi qu'une femme indienne leur a dit qu il y a la bas des hordes d indiens males qui se bourrent la gueule et perdent un peu le controle, donc que c est pas une tres bonne idee pour nous d y aller. C est pas les flics qui allaient nous dire ca, forcement...
Le reste de la journee est chouette, cours de yoga avec un petit professeur qui payait pas de mine, bedonnant, tres effemine, et qui begayait un peu ('now you have zee aveeeeereness of your th-th-thiiiiird tooooe') mais assez exigeant et tres attentif a verifier la posture de chacun (mes courbatures le lendemain en ont temoigne). Fin de soiree en compagnie de Melissa, pour qui tout est 'beauuuuutiful' (les vieux, les enfants, les vaches, le temps, le paysage, la bouffe...), ou 'shanti shanti' (les vieux, les enfants, les vaches, le temps, le paysage, la bouffe...) et Alexandra, une Israelienne, qui n avait pas l air d avoir plus de 21 ou 22 ans, que son pere a envoyee en Inde pour l initier au businness: elle doit se debrouiller pour trouver un manufactureur de textiles pas cher a Dehli, et faire un contrat avec lui, lui filer des modeles qu elle va ensuite revendre un Isreal. Tout ca avec des grands yeux candides, une voix toute douce et un anglais pas vraiment terrible : bonne chance. Mais tres gentille fille.
J abrege car mon estomac gargouille (on dirait que je passe mon temps a manger en lisant ce blog, haha!). Hier, on etait parties pour une visite a la cascade de Neergarh avec Melissa et les espagnoles illuminees mais une personne en attirant une autre qui en attire une autre, on s est retrouves a 8 en file indienne sur la route brulante qui mene a Badrinath, suant comme des porcelets (non je sais , ca ne sue pas les porcs), suivis par un ptit chien galeux et amical, devenant un peu plus sourd a chaque camion qui nous depassait et nous saluant en klaxonnant pendant 3 secondes non stop. Apres 1 bonne heure de marche sur la route, on monte enfin a travers la foret pour atteindre les chutes d eau. Il y a donc Melissa, qui est rouge a faire peur, Martha l espagnole qui danse sans musique et pousse des cris stridents quand elle trouve que le monde est beau, sa copine Lorena qui ramasse methodiquement les vieux papiers de bonbons qui jonchent le chemin pour nettoyer la planete, Noam, qui est professeur de biologie et se fait presser les points noirs du dos par Lorena a la cascade, Emanuel, son pote israelien qui passe sa vie a voyager et a un gros Ganesh tatoue dans tout le dos, Ana, une suedoise dont les cheveux (henne) sont de la meme couleur que le t/shirt (orange-rouge vif), qui est de la meme couleur que sa peau (coup de soleil) mais qui s acharne a ne pas mettre de foulard sur ses epaules, Bidule, une anglaise qui trouve rien de mieux a faire que de se baigner en soutif a dentelle noire a la cascade, ce qui draine inevitablement toute la population male alentour a la cascade. On se fait scruter comme des singes dans un zoo, pointer du doigt, prendre en photo, et la comparaison atteint son comble quand les indiens nous refilent des mangues ! La baignade et le massage naturel sous la cascade sont tres agreables, on papote, on se repose, avec en bruit de fond les chansons israeliennes de Noam et son pote, les cris periodiques de Martha et le rire des indiens dodus qui pataugent comme des enfants en se goinffrant de pain, de samosas, et de trucs bizarres qu 'ils essaient de nous refiler mais on dit non. Trop creves pour le retour apres la petite marche a travers la foret, on benit le ciel quand un tracteur sympa accepte de nous ramener en ville ! La suite de soiree est tout aussi chouette, Pyramid Cafe de nouveau avec Melissa et discussions profondes dans la nuit indienne en picorant des momos, sortes de raviolis tibetains, delicieux mais beaucoup trop abondants (dont nous donnerons une partie aux vaches sacrees etalees dans les rues en rentrant).
Ces deux jours m'ont reconcilie avec Rishikesh, mais je commence a comprendre que ou que j aille, les debuts seront toujours difficiles et dephasants... C est surement le prix a payer pour ensuite apprecier a quel point l Inde peut etre shanti shanti...
1 comment:
ha ben ça fait plaisir ! c'est exactement ça, ah ça me rappelle des souvenirs... passe le bonjour aux singes de rishikesh de ma part !
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