Chitwan, c'est LA réserve naturelle du Népal. Et comme on se le fait très sérieusement rappeler par notre guide au début de notre première marche dans la jungle, les animaux, ça peut-être dangereux. Non, on ne pointe pas les tigres du doigt, car ils pensent que cela veut dire "regardez la belle bête, je vais lui tirer dessus et m'en faire un joli tapis". Non on ne fait pas le malin et on ne s'écarte pas du groupe. Si un ours s'approche, il faut taper dans les mains et chanter. Si un rhino nous charge, il faut grimper à un arbre ou courir en zigzag. Si on rencontre un tigre, il faut le regarder dans les yeux et prier. J'en ai presque des frissons (en fait j'en ai mais c'est parce qu'il fait 5 degrés à cause de ce brouillard maudit).
Après 2 jours, 2 balades en éléphant, 2 à pied, et une en pirogue, bilan:
- une dizaine de traces de pattes de tigre;
- 4 ou 5 déjections de tigre;
- une suspicion de présence de tigre, notée par le barrissement de nos éléphants et de nos mahouts;
- 0 rhinos;
- 0 ours;
- 0 crocodiles;
- 3 singes, de loin;
- 2 ibis;
- des bleus partout sur jambes et des branches plein les cheveux, dues à une intense activité de déforestation par notre destrier;
- un débat sur l'impunité au Népal et pourquoi les ONG "ne s'intéressent qu'aux crimes commis par les forces gouvernementales et pas à ceux commis par les maoistes" avec un cardiologue népalais qui partageait ma monture.
Bref, le voyage aurait pu s'avérer à 90% décevant mais le clou du spectacle était à venir:
L'"Elephant Training". Ou apprendre combien d'années vit un éléphant, combien de temps il dort, combien il pèse à la naissance, quelle est la différence entre l'éléphant d'Asie et l'éléphant d'Afrique, à quel âge on commence à dresser le jeune éléphant, comment on le dresse... Réponse: "We beat, beat, beat a lot!" nous dit le guide avec entrain, brandissant son espèce de piolet en métal. Effarée, ma mère essaie d'engager un débat sur le fait que les méthodes des "horse whisperers" pourraient s'appliquer aux éléphants, non? Il réussit à changer de sujet et à lui rendre le sourire en lui proposant de grimper (s'échouer, devrais-je dire) sur notre ami le pachyderme par la trompe.
Deux jours quand même agréable dans cet environnement bucolique, mais pour les animaux et la température, il faudra revenir en mars, quand l'herbe sera coupée, le brouillard dissipé, et avec un peu de bol que les animaux qui ont échappé au braconniers seront sortis de leurs tanière.