Pakse et les 4000 Iles

C'est avec une pointe de nostalgie (en fait plus qu'une pointe, ou alors la pointe d'un gros Stabilo ou d'un marqueur) que j'ai termine ce periple laotien, bien trop court a mon gout, pour me retouver entre 2 flaques geantes a Bangkok - 20% de la ville est maintenant sous l'eau, et le canal pres de l'aeroport, ou se trouve mon hotel de transit, est en passe de deborder aussi, demain ou apres-demain, avec un peu de chance apres que j'ai pu attraper mon vol pour Koh Samui... Des milliers de personnes ont ete evacuees vers des centres d'accueil, qui ont eux meme ete inondes, et donc les gens re-evacues, et pas mal de gens s'acharnent aussi a rester chez eux pour garder leurs possessions, les premiers actes de pillages commencant a etre rapportes dans les journaux, et tout manque dans les zones affectees, "le riz, l'eau et les preservatifs" selon les news... et pour ajouter du piment a l'histoire, 300 crocodiles se sont echappes de fermes au nord ouest de la ville, et 15 grands mambas verts, des serpents africains super venimeux, les ont rejoints aujourd'hui (sans compter les autres serpents endemiques de la region, dont j'ai vu un gros specimen glisser sur la riviere qui longe la piscine de mon hotel...). Et pendant ce temps, la fameuse Premier ministre Shinawatra, tout sourire, ne cesse de repeter que tout va bien, qu'elle a confiance que tel ou tel endroit resistera aux inondations, ce qui s'avere faux a chaque fois, mais elle persiste et signe! Du chahut politique en perspective quand les gens auront reintegre leurs foyers detrempes...

Avant d'atterrir dans ce bourbier, j'etais sur une charmante petite ile du sud du Laos, a la frontiere du Cambodge, Don Khone, qui fait partie de ce chapelet d'iles plus ou moins grandes et plus ou moins immergees selon la saison, joliment appele Si Phan Don (ce qui signifie en francais, pour les quelquse non-laophones d'enter vous, les "4000 Iles"). Mais pour finalement me retruover la bas, j'ai du faire escale a Pakse, la premiere ville du monde ou l'union civile entre personnes de meme sexe a ete autorisee (pardon, les inondations ont fait des courts-circuits dans mon cerveau et me font faire des jeux de mots nazes).

Si a premiere vue Pakse n'a rien d'incroyablement trepidant - quelques vieux batiments coloniaux, d'enormes hotels modernes par ci par la, quelques jolis temples boudhistes, des gros trous beants dans les trottoirs, des centre commerciaux ultra modernes ou des enfants fascines regardent un spectacle animes par des gros bonhommes deguisees qui lancent des confettis pour faire la promotion d'une marque de briques de lait...-, c'est neamoins le point de depart pour pas mal de destinations interessantes, non seulement les 4000 Iles, mais aussi le Plateau des Bolovens, ses magnifiques forets primaires et ses plantations de cafe reputes, Champasak et ses temples khmers que je ne verrai pas par manque de temps...

Mais surtout, la particularite de Pakse, c'est que ses habitantes sont fans de sport televise. Non, pas des grands matchs de foot des pays de l'ASEAN mais d'obscures matchs de foot allemand. C'est en effet avec surprise que nous avons ete surprises dans la degustation de notre papaya shake par des couinements enthousiastes ou des grognements deception, qui n'etaient autres que ceux de la serveuse du snack du coin, totalement absorbee et vocale dans son appreciation des passes trepidantes du match Freiburg - Leverkusen de vendredi dernier. Vous allez me dire qu'on ne peut pas generaliser a partir d'un cas isole, mais quelques heures plus tard, alors que nous attendions patiemment que notre tour arrive dans un salon de massage a quelques centaines de metres de la, les memes gemissement inquiets et exhuberants couinements proviennent d'une piece voisine - la masseuse en pleine extase devant une rediffusion d'un match de la coupe du monde de rugby... Bon on peut pas generaliser avec 2 cas mais le temps me manquant pour un examen approndi du phenomene, je me permets quand meme de suggerer l'interet sociologique d'une telle etude, pour mes comparses sociologues :)

Soukheane retenant son souffle devant d'obscures footballers teutons

Les Thais (car cette photo provient d'un magazine feminin thailandais) savent rendrent le papier essuie tout glamour! Demandez a "CINDY Multi Task" comment elle fait pour recurer la cuisine en restant sexy sans giclures d'evier sur sa robe noire!

Le fameux salon de massage a Pakse, ou outre l'habituel "sarong" dont tu  es prie de te vetir avant le massage, on nous  a demande d'enfiler un short baggie rose etrange, d'ou le look caille-ra hip-hoppeuse de la West Coast...

Et enfin ce fut le moment du depart pour les 4000 Iles et le moment de dire au revoir a ma camarade de route belge rencontree a Vang Vieng, qui elle avait le temps de trekker sur le Plateau des Bolovens et a Champasak, la gueuse. Apres 3h de route en minivan et 30min de bateau sur le Mekong, bien gonfle a cette periode apres les fortes pluies de cet ete, j'arrive a ce petit havre de paix qu'est Don Khone, que je pourrais encore une fois resumer en 3 mots, allez 4: hamac, rizieres, cocotiers et buffles d'eau!

Le bateau de Papa

En plein lutte interieure pour ne pas m'assoupir malgre le bercement du hamac et les doux rayons du coucher de soleil... 

Contrairement a sa voisine Don Det, qui est a ce qui parait un paradis pour hippies dreadlockeux en mal d'UV qui n'a rien a envier a Vang Vieng question drogues, Don Khone est restee relativement plutot traditionnelle, si on ne regarde pas la bande de guesthouses et de restos touristiques habituels qui bordent le nord de l'ile ("Cheap room! Bi Cycle Ran Ting! Comfort food for touristies!"). A peine on penetre vers l'interieur de l'ile qu'on se retrouve perdu dans d'immenses rizieres d'ou depasses quelques chapeaux pointus, sous lesquels travaillent d'arrache pied (d'arrache main plutot) des petites bonnes femmes toutes courbees, couvertes du bout des doigts jusqu'au coup pour s abriter du soleil. Et la j'arrete mes remarques moqueuses sur la paresse legendaires des Laotiens, parce que recolter le riz brin par brin, a coup de mini-faucille, sous un soleil de plomb a plus de 30 degres, du lever au coucher du soleil, suscite bien le respect! J''ai d'ailleurs d'autant plus de respect le soir meme pour mon panier de sticky rice (on ne mange pas de riz vapeur ici, le sticky rice ou "kao niao" est l'element cle de tout repas laotien, il est servi comme dans un petit panier en paille et sa preparation differe un peu) et pour la personne qui s'est courbe l'echine pour qu'il aterrisse dans mon assiette. Je dissipe ma culpabilite en envisageant mentalement de creer une ONG qui offrirait des sessions de yoga specialement adaptees pour les recolteurs de riz, consistant principalement en des backbends pour faire retrouver a leur dos une courbure normale...

Les premieres rizieres a quelques metres de ma guesthouse (ou "guest a housse" hein Timo!)

Et il y a aussi des temples a Don Khone bien sur!

Et un buddha souriant qui reste bien stoique alors qu'on renove son appartement a grand fracas

La maison traditionnel, des pilotis d'un a 2 metres de haut pour parer aux crues, des murs en paille tressee, un toit en paille ou en tole, quelques cocotiers et l'ami buffle dans le jardin

Mme Bufflonne

Et des enfants qui miment a l'unisson un animal (?) indetermine...

... ou qui partent a la peche tout nus!

Systeme de gouttiere hautement technologique pour recolter l'eau dans des jarres 

Les petits chapeaux a l'oeuvre...

... un bon tas de mottes coupees et ficellees bien serre a la fin de la journee...

.... puis les grains de riz debarassee de leur brins de paille (vous noterez que le vocabulaire adequat de la culture du riz m'est completement etranger, et je m'en excuse)

Oh et un element essentiel de tout foyer lao qui se respecte: la belle antenne parabolique entre l'ecuelle du cochon et le cocotier!

Photo mystere : reponds au quiz en haut a droite du blog et gagne une noix de coco!

Les fameuses "danger rious" cascades de Li Phi, ou "cascade des esprits",  qui selon la legende locale, entraine les mauvais esprits d'animaux et personnes decedees dans ses flots troubles et tumultueux (parmi lesquels quelques touristes un peu bargeots qui ont eu la brillante idee de se baigner la dedans ces dernieres annees)

Un pecheur a l'oeuvre en pleine zone "danger rious"

Un coucher de soleil pas degueu

Le cyber cafe du coin, une perle de technologie et des employes hautement specialises (une petite fille de 9 ans qui gere a sa maniere les bugs qui surviennent toutes les 3 minutes sur la connexion internet : en arrachant la prise de l'ordinateur et en la rebranchant)

Oh et j'avais oublie, Don Khone ne se resume pas a 4 mots mais a 5, le 5eme, et pas des moindres etant le mot "dauphins"! Les quelques dizaines specimens restants de dauphins irrawaddy se trouvent dans le Mekong, sur une bande de 190km entre le Cambodge et le Laos et j'ai eu la chance d'en voir quelques uns, ou plutot leur echine lorsqu'ils viennent a la surface faire "pffffff" avec leur trou dans le dos (eh oui, je maitrise autant le vocabulaire des mammiferes aquatiques que celui de la culture de riz, desolee). Comme j'etais tellement absorbee par ce spectacle magnifique, je n ai pas pris de photos et vous montre ce que j'ai vu a l'aide d'un cliche vole sur un autre site:

(volee a http://treasuresoflaos.blogspot.com/2011/01/mekong-dolphins-and-endangered-species.html)

Pour voir les dauphins, ils faut par ailleurs se rendre de l'autre cote du fleuve, au Cambodge, et se delester de 20'000 kips aupres des officiels cambodgiens. Mais si ca peut les convaincre de redoubler d'efforts pour proteger cet "endangered spicy"!

Le dernier jour, Papa nous a emmenees, un gang de filles et moi, faire un tour en bateau pour voir des chutes d'eau (encore!) magistrales a qques km de la. Non, mon geniteur n'est pas venu me rejoindre au Laos, Papa est le venerable chef de ma guesthouse, un cinquantenaire qui alterne entre bouderie et hilarite avec la meme regularite qu'il descend des bouteilles des BeerLao au fil de la journee... Son job, c'est emmener les touristes en bateau, ramasser des gros crapauds pour la cuisine du soir et jouer le role de representant officiel de BeerLao aupres des clients. Le reste (la cuisine, les service, le nettoyage, l'education des 5 gosses), c'est pour Mme Papa, soumise et discrete, 27 ans, qu'il a epousee apres que sa premiere femme, qui etait aussi la soeur de l'actuelle Mme Papa, a succombe a une maladie que j'ignore. Il lui a pondu 2 gosses additionnels aux 3 deja presents, deux petites filles crados qui trainent a poil dans la rue du matin au soir et hurlent a la moindre occasion, esperant probablement attirer l'attention, laissees pour compte qu'elles sont.

Voila donc la belle equipee de notre "tour de la mort en bateau", renomme ainsi apres que Dimitri, un jeune chef Francais installe ici qui espere introduire la gastronomie francais sur l'ile avec l'ouverture d'un resto chic sur l'ile, nous a averti que Papa est le seul de l'ile a aller a ces chutes d'eau en bateau et pas par voie terrestres, et que la manoeuvre qu'il utilise pour stopper le bateau ("il coupe le moteur et il retourne le bateau a contre courant en utilisant un baton qu'il plante dans le sol) et des plus perilleuses... Mais fichtre, nous ne sommes pas des poules mouillees et nous prenons meme comme un bon presage la rasade de BeerLao avalee par Papa avant notre depart - il est probablement plus habitue a piloter le bateau ivre que sobre!

La belle equipee etait donc composee de Marie, une francaise en pleine reconversion dans l'aromatherapie et le massage thai, avec qui j'ai plus tard partagee une session de yoga au coucher du soleil sur la terrasse de la guesthouse, et 2 californiennes dont une en particulier, le summum de la naivete et de la bigoterie americaine, nous a bien fait rire par la suite (et meme avant ca, en me faisant part de sa deception quand elle a vu les dauphins "I thought they would be jumping and doing tricks, like Flipper, you know" et de son enthousiasme pour le shopping pas cher a Bangkok "I wish, you know, I wish there were a Bangkok in California").

Des barrages a poissons places a des endroits strategiques des cascades

Il s'est en fait avere que ce n'etait pas tant le tour en bateau que le mini trek qui nous a mene depuis l'endroit ou on a laisse le bateau jusqu'aux cascades qui meritait le qualificatif "de la mort"... Papa nous a emmenees a travers la jungle, et a travers de nombreuses petites rivieres neanmoins bien torrentielles, que nous avons traversees sur des ponts plus approximatifs els uns que les autres, certains un simple tronc d'arbre pose en travers sans rien pour garder l'equilibre... obtacles que nous avons toutefois surmontes non sans un soupcon de panique mais finalement avec brio, devant l'hilare Papa, sirotant la petite bouteille de lao lao qu'il avait emmenee avec lui.

Un des "ponts de la mort"

Et voila finalement un petit coin des chutes d'eau ou le courant etant assez faible pour que l'on puisse s'y baigner!

Le lieu de baignade

Et le retour en bateau au coucher du soleil...

Alors que nous nous demandions pourquoi ce gros papillon se dandinait bizarrement du mauvais cote de la fleur (si c'etait pour butiner, pour autant que les papillons butinent... encore un domaine ou mon expertise est limitee), la plus futee des 2 Americaines s'exclament "Oh my god, it's eating the butterfly alive!", a quoi l'autre repond "WHAT? THE FLOWER IS EATING THE BUTTERFLY??" (en fait c'est une mante religieuse ou un qqchose du genre je crois)

Studio de yoga et de sieste, Don Khone

Panorama observe depuis le studio de yoga et de sieste, Don Khone

Papa parti pour une nouvelle aventure en solitaire...

Cours de gym a l'ecole primaire de Don Khone

La petite derniere de Papa, un peu intriguee devant les 2 americaines qui dansent la salsa en attandant le bateau

Au revoir Don Khone, c'etait beau mais c'etait trop court!

Un avion vide pour Bangkok