Me voilà donc partie pour une nouvelle aventure dans une contrée lointaine ! Cette fois ci, il ne s’agit pas d’ôter leur virilité à de pauvres canidés keralais qui n’ont rien demandé, ni d’enseigner des rudiments d’anglais à des orphelins cambodgiens, ni de perfectionner ma posture du cobra devant les flots scintillants du Gange, mais de traquer l’impunité (always). Néanmoins, comme lutte contre l’impunité et publicité ne font pas bon ménage, ce blog sera plutôt dédié à la vie à Kathmandu et aux périples qui me mèneront dans des forêts encore plus lointaines au fin fond du Népal. Et cette fois-ci, comble du luxe, vous aurez droit à de la ponctuation et à des accents, étant donné que mon fidèle MacBook est du voyage !
Pour être honnête, mes genoux claquaient un peu de trouille dans l’avion. Il faut dire qu’après avoir suivi les derniers événements politiques et écouté les recommandations glanées ici et là, je m’attendais au mieux à être bloquée à l’aéroport de Kathmandu pendant 2 jours à cause d’une « bandh » (grève générale et blocage du trafic, fréquents ici), au pire à me faire capturer par une horde de maoïstes fous furieux – j’avais déjà prévu d’essayer de les amadouer à coup de boîtes de Lindt / ou de les assommer à coup de Toblerone de 400g....
Mais non, rien de tout ça. J’étais attendue à l’aéroport par Kunga, le cousin d’un népalais / tibétain rencontré à Genève la veille (au resto Everest, super bon, allez goûter les momos et le pain tibétain, ça vaut le détour !) qui m’a amené sans encombre jusqu’à mon appartement royal (c’est peut-être un sacrilège de dire ça maintenant que la monarchie a été abolie, mais vous admettrez que quand on vient de la crise du logement et de ses 2 pièces à 1300 balles à Genève et qu’on emménage dans un appart de 100m2 lumineux sur chaque face avec parquet tout neuf et tout à fait propice à des sessions yogesques intensives, ainsi qu’un immense balcon tout de plantes vertes garnies, on a le droit que dire que c’est royal non ?).
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Logement parlant, c’est donc le pied, le frigo marche (et tellement bien qu’il congèle le lait), je dispose d’un chauffage d’appoint (alors que je m’attendais à des têtes-à-tête au fond du lit avec mon amie la bouillotte pendant les glaciales soirées d’hiver), et d’un gardien 24/24, enfin de 3 qui se relaient. L’un est un peu sourdingue et je dois tabasser le portail pendant 10 minutes pour qu’il se réveille, le deuxième est à l’affût constamment ou a un sens de l’audition supersonique – rien qu’au son de mes pas gracieux sur la terre poussiéreuse de notre ruelle, il se rue sur la porte. La troisième est une femme au physique de catcheuse répondant au doux nom de Lakshmi.
Cette première semaine a donc été dédiée à la phase 1 du voyage: « Apprends à te repérer et à survivre en terre inconnue et potentiellement hostile ». Pour me mettre dans l’ambiance, j’ai même écouté en boucle la BO d’ « Into the Wild »... Mais finalement, pas eu besoin de me laisser pousser la barbe pour me protéger du climat ou d’assassiner un cervidé pour me nourrir, le supermarché du coin sur 4 étages fournissant tout ce dont on peut rêver, de l’après-shampoing spécial cheveux secs au concombre et aux pois chiches (ici ça a l’air glamour de mettre des légumineuses dans les produits de beauté) aux protéines de soja désydratées, aux Converses violettes à scratch en passant par les tupperwares à compartiments multiples et les os pour chiens au fluor. Et là, mercredi, alors que j’hésitais entre les petits pois et les carottes, paf, tout devient noir. Normalement dans les films quand ce genre de choses arrive, tout le monde se met à courir en hurlant ou à voler des trucs. Mais là non, on continue son shopping tranquillement à la lampe de poche jusqu’à ce que le générateur se mette en marche.
Dans les petites ruelles qui mènent à chez moi, les coupures de courant c’est moins marrant, surtout les premiers jours. Lors de ma première expédition pédestre nocturne, j’ai passé une bonne demi-heure a essayer de rentrer depuis le supermarché qui se trouve à 500 mètres, à essayer de me repérer à l’odorat (maïs grillé, plastique brûlé, bonnes odeurs de cuisine, fleurs dont j’ignore le nom, maïs grillé, plastique brûlé, bonnes odeurs de cuisine...), et quand j’ai réalisé avec panique que je tournais en rond, que j’étais incapable de demander mon chemin étant donné que les rues n’ont pas de nom, et que je n’ai donc pas d’adresse, mes narines ont finalement frémi à l’odeur caractéristique de fraise superchimique de la petite ruelle qui mène à celle qui mène à chez moi (cette odeur très pratique n’apparaît que le soir vers 18h, pile à l’heure de la coupure de courant, et le sol devient tout mouillé juste à cette heure là donc j’en ai conclu que c’était l’heure du bain des enfants). Désormais c’est bon j’ai donc mes marques.
Après m’être un peu acclimatée au quartier, avoir harcelé mes 30 collègues en moyenne 5 fois chacun pourqu’ils répètent leur prénom (donc beaucoup de salive utilisée pour pas grand chose, sachant que je ne m'en souviens d’aucun, ou d’un ou deux de manière extrêmement approximative), et avoir obtenu sans trop de difficultés une carte SIM locale (moyennant un nombre d’informations impressionnantes sur mon identité, y compris le prénom de mon grand-père paternel), je me suis aventurée dans le reste de Kathmandu. Pour une aventure qui n’en était finalement pas vraiment une, puisque mes pas m’ont menée jusqu’au quartier ultra-touristique, Thamel, alors que le but de l’opération était de découvrir le quartier historique et ses superbes temples. Mais la faiblesse féminine étant ce qu’elle est, j’ai passé l’après-midi à marchander des foulards à paillettes et des couvertures en laine de yak, a zigzaguer entre les « Tiger balm miss, tiger balm, cheap ! » et les trekkeurs en quête de matos cheap jusqu’à ce que je doive rentrer en vitesse chez moi pour accueillir l’installateur d’internet. Et après l’avoir vu cliquer, bidouiller, entrer pleins de codes bizarres et ouvrir des applications étranges, avoir esquissé un sourire timide après la réussite de ces opérations, et s’enfuir limite en courant, je confirme que le Geek n’est pas qu’une espèce occidentale. Je peux donc désormais manger mes cornflakes à la mangue en regardant les infos sur France 24 le matin, quel luxe !
Aujourd’hui, bien décidée à ne pas laisser libre cours à ma fièvre acheteuse, j’ai pris le chemin de Bodnath, une petite ville à une demi-heure de Kathmandu, qui abrite une importante communauté de réfugiés tibétains et un magnifique stupa («stupa » signifie « tas » mais comme vous pouvez le voir sur les photos, c’est d’un bien joli et impressionnant tas donc il s’agit – en fait le stupa est l’élément de base de l’architecture culturelle bouddhiste et jaïn. Il ne consiste, à ses débuts, qu'en un empilement de pierres au cœur duquel est enfermée une relique du Bouddha. En effet, d'après la tradition,
après la crémation du Bouddha, ses reliques sont partagées en huit parties qui sont distribuées aux huit rois venus lui rendre hommage à cette occasion. Ce sont ces reliques qui vont être enchâssées dans les premiers stupas. Merci Wikipedia.) Après-midi sympathique a me promener autour du stupa (dans le sens des aiguilles d’une montre !), a jeter un oeil aux monastères du coin en me faisant expliquer les rudiments du bouddhisme tibétain par Kunga. Atmosphère vraiment tranquille, les chiens se dorant la pilule sur la pierre blanche, les moines promenant leur robe brune autour du stupa, les touristes engouffrant des pizzas sur les roof-top terrasses qui surplombent la place...
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Mais grâce à mon guide Kunga, j’ai pu satisfaire ma faim autrement qu’avec une pizza : invitée pour un lunch tardif cuisiné par son père, j’ai goûté les délices de momos faits maison et du thé au beurre salé. Et là, ce n’est pas pour faire la routarde super open qui trouve tout ce qui est exotique trop génial, mais honnêtement, malgré son apparence douteuse et ses morceaux de trucs bizarres qui flottaient à la surface, ce thé était dé-li-cieux ! Accueil adorable et petit cours de tibétain improvisé (laborieux, mais allez-y vous aussi, essayer d’apprendre le népalais et en même temps le tibétain, tout ça en pleine phase digestive post-momos !) mais j’ai quand même réussi à remercier le père de Kunga d’un « Pe mangpo thukche chey » en ne regardant (presque) pas mes notes !
Il est maintenant tard. La suite des aventures viendra la semaine prochaine !
ps. la photo des momos, elle est pas de moi, mais je me suis dit qu'il fallait quand même que vous sachiez à quoi ça ressemble !
4 comments:
OUéééé ! le blog est de retour ! grace à mon petit lecteur RSS je sais tout de suite quand tu postes un truc ! si c'est pas la classe !
En tout cas le truc de se repérer à l'odeur, c'est génial ! à bientôt platelminthe !
Wouh super les nouvelles aventures d'Alex aux Népal! Je suis fan! Encore!
Cool que tout se passe bien! En effet, l'appart a l'air plutôt pas mal ;-)
A bientôt!
Vraiment chouette ton blog Alex!
trop hate de lire le prochain episode!
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