29 September 2006

Compte rendu du sejour chez Uncle Ho' par votre devouee petit K-Way bleu. Ces 4 jours se sont effectivement deroules sous le signe de la flaque, etant donne cette maudite mousson qui s installe, et sous celui de la vache qui rit. Veritablement veneree par les Viets, son oeil bovin bienveillant ponctue presque chaque enseigne de restaurant ou de snack a "pho", a prononcer "feu", qui est LA soupe de nouilles traditionnelle du pays, ou l on peut mettre un peu tout et n importe quoi (du boeuf en lamelles au coeur de serpent, il y en a pour tous les gouts). Apres plusieurs essais plus ou moins convaincants, le "pho" d artifice jaillit enfin au Binh Pho, bouiboui situe au nord est de la ville : "Mmmmmh....Aussi bon que celui de ma mere!" s exclame Jean (NB : Pour les non-inities a la genealogie luxuriante de mon conjoint, la famille de sa maman a vecu a Saigon jusqu a l arrivee des Japonais en 46). Il faut dire que le cadre ajoutait aussi de l eau sur le "pho" : ancien quartien general de VietCongs dissimules dans le Sud Vietnam, c est dans ce Binh Pho que la fameuse offensive du Tet de 1968 a ete planifie (NB : Pour les non-historiens, ce fut la premiere grande claque dans la face des Ricains, qui, bien qu ayant repondu vaillamment, ne s y attendaient pas, sacrebleu !). Experience culinaro-historique intense donc.
Saigon, ou plus formellement HoChiMinhCity, c est aussi une ville immense et literallement envahie par les motos ou la moindre traversee de carrefour ferait fantasmer le plus suicidaire des lemmings. A cote, Phnom Penh, c est Sainte-Marie de la Motte-sur-Cervoise, bourgade de 58 habitants a la pointe bretonne. C est donc avec un sincere soulagement que je vous annonce que nous sommes revenus entiers, sans talons ou orteils rabotes par les roues de ces engins de la mort.
Par contre, pas de 4X4 demesures ni de Lexus sans plaque mineralogique : un communisme en bonne et due forme (Jack) qui contraste avec les inegalites demesurement gargantuesques de notre bon vieux Cambodge. Pas non plus de mendiants pieds nus donc, ni d enfants tout nus dans les tas d ordures mais des commercants et restaurateurs qui savent ce qu ils veulent (ton fric) et comment l obtenir (te couilloner en te refilant une daube ou en te rajoutant discretement un plat ou une boisson sur l addition). Comme en Chine, l adage "Du business a loisir tu peux faire, mais ton clapet fermer tu dois" s applique a merveille. Effectivement, liberalisme economique et communisme politique, couples a un nationalisme post victoire contre l'"ennemi" (petit nom donne aux Americains dans les musees et autres expos) ont donne un peuple sacrement combatif et sur de lui, a l oppose de la resignation apathique et craintive du peuple khmer (pour plus d infos a ce sujet, a paraitre la fine analyse des Professeurs Monnier & Brutsch, specialistes de l Asie du Sud est...).
Autre grande decouverte : les tour operators. En raison de notre budget routard (et des proportions gargantuesques de la session shopping moralement ecoeurante qui nous attend les derniers jours avant le depart), nous avons opte pour des "slow bus" a 7$ pour les 7 heures de trajet dont la particularite est qu ils comprennent un changement de vehicule a la frontiere ou nous avons eu le privilege d observer en temps reel plusieurs specimens de Plucus Turisticus Anglosaxum dans leur environnement naturel, le resto crado backpacker jouxtant la douane. Une experience formidable ou vous pouvez observer de visu les flaques de sueur sur leurs visages bouffis par les burgers, sentir a bout portant leur fumet aissellien caracteristique, peut etre meme apercevoir un saumon de Norvege remonter le torrent de leur dos ruisselant alors qu ils interpellent la malingre serveuse interloquee : "Threedollah fothesetmenu ? Thasbloodyexpensive ! Watchagetfothat ?". Vous pourrez egalement aisement distinguer certains de ces individus dans les nombreux musees de la ville, particulierement ceux qui sont dedies a la guerre : apres avoir traverse d un pas lourdeau, la canette de Coca a la main, les couloirs dedies aux photographies de victimes du Napalm (charmant assortiment de membres tordus, absents, fondus, de visages ravages et de siamois joints par le ventre, voire meme de foetus deformes conserves dans du formol pour les musees les plus chics) et observe d un oeil bovin (mais moins bienveillant que celui de la vache qui rit...) les images, photos et recits (pour ceux qui savent lire) de soldats massacres, de journalistes tortures, de VietCongs traines au bout d un char americain par une corde, le Plucus Turisticus Anglosaxum aime heler ses comparses a travers le hall pour les inviter a une seance photos dans la cour dediees aux armes lourdes. Daddy devant le lance-roquettes, Mummy et son bras jambonesque degoulinant sur le nez d un F-5, le petit Tommy a cheval sur le canon d un tank americain, Jennifer et sa moue boudeuse d ado "qui vous emmerde tous" devant une bombe plusieurs centaines de kilos qui a surement servi a tuer presque autant de personnes...
Beaucoup de musees interessants donc et, sans cynisme, tres bien realises pour imaginer les horreurs de la guerre (bien qu absolument partiaux, puisque ne montrant que les actes commis par les ricains et presentant les Vietcongs comme des saints liberateurs du pays assiege...). Pour completer le tableau, visite (encore en bus organise...) des tunnels de Cu Chi, les galleries de fourmis creusees par les VC pour mener des attaques surprises dans les camps americains du sud. Les employes du centre se font alors une joie de vous montrer le fonctionnement des reconstitutions de pieges(Vas-y que je mets ma jambe dans le trou pour me la faire transpercer par de pics, pour de faux bien sur, trop rigolo)et des differentes "salles" creusees dans le reseau souterrain (fabrique artisanale d armes, cuisine, hopital...). Puis, pour couronner le tout, vous etes invites a ramper dans une section de tunnel d une cinquantaine de metres aux dimensions plus appropriees aux freles anatomies asiatiques qu aux notres (1.20 de haut pour 80 cm de large), sans lumiere, un peu flippant pour les plus claustro d entre nous.
Pour changer, visite d un burlesque temple Cao Dai, drole de religion pot-pourri entre Buddhisme, Taoisme, Confucianisme, Christianisme, Islam, culte de des ancetres (Victor Hugo entre autres y fait regulierement des apparitions) et de Walt Disney (a en voir l architecture coloree de l edifice, c est tout juste si on s attendait pas a voir la parade de Mickey debouler)...
Next etape : les fabuleux temples d Angkor.

1 comment:

Anonymous said...

Salut Alex, Salut Jean,

C'est avec avec délice que je lis vos messages qui ces jours prennent une résonnance particulière.

PF