23 March 2012

Mysore, que calor!

Namaste les amis et bonne année !! Non non, ce n'est pas l'abus de soleil et de postures sur la tete qui m'ont fait disjoncter, c'est bien le nouvel an ici, selon le calendrier védique. Ce premier jour de 1934 sera aussi mon dernier en Inde, et c'est avec un gros pincement au coeur que je redige ce dernier message...

Avant de commencer, un grand merci pour tous vos commentaires, qui me toujours grand plaisir (en particulier quand je me suis debattue plusieurs heures avec ordis recalcitrants, claviers insenses et coupures de courant inopinees pour reussir a publier quelques photos et un messsage lisible!).

Cest dernieres semaines se sont passees sous le signe de la canicule, avec une poussee soudaine du mercure frisant les 37 degres dans l'apres midi (je commence a parler comme Laurent Romejko moi), ce qui n'est ni propice au crapahutage en ville, ni a la pratique insensee de l'ashtanga (a moins de viser l'arret cardiaque et non l'eveil spiritual), ni meme au sommeil en fait, surtout dans les nouvelles maisons chicos, comme celle dans laquelle je reside, qui ne sont pas concues pour reguler la temperature, comme les vieilles bicoques faites de boue et de bois, mais pour frimer avec leur murs en ciment qui te transforment une piece en sauna longue duree, persistant meme la nuit tombee. Apres avoir teste de multiples strategies visant a faire baisser la temperature dans ma chambre (prendre une douche pseudo froide avant de me coucher, mouiller une serviette et la laisser s'evaporer devant le ventilateur, me rouler sur le corps une bouteille d'eau prealablement mise au congelateur pendant des heures, carrement dormir dans des draps detrempes) ou encore visant a ramollier mon cerveau jusqu a me rendre insensible a la chaleur (prendre des somniferes lights fournis par mon colloc Anglais que j'ai observes dubitativement sur la table de chevet pendant de longues heures avant de finalement craquer, ecouter de la musique new age avec flute de pan soporiphique dans des ecouteurs, prendre une cuite a la Kingfisher, regarder les vaches deambuler dans la rue a 4h du  mat, tenter de faire les mots croises du Deccan Herald et me lamenter de ne rien comprendre aux subtilites linguistiques Hinglish), j'ai finalement fait mon deuil d'une bonne nuit de sommeil et laisse tombe la pratique de yoga matinale (puisque le sommeil ne venait en general que vers 5h, heure a laquelle j'aurais du me lever pour aller pratiquer a 6) pour le cours de l'apres midi....

J'ai aussi change d'ecole de yoga pendant que j'y etais, le caractere semi militaire et les critiques incessantes d'Ajay m'ayant finalement un peu porte sur le systeme, et surtout, ceriser sur l'asana, Ajay ayant par megarde dechire serieusement le hamstring de ma copine Romana dans un  'KRRRRRRR' retentissant en ajustant outrageusement son Janu C (et, loin de s'excuser, lui disant ensuite que si elle etait plus entrainee cela ne serait pas arrive). C'est donc a l'ecole Mandala, avec l'antithese d'Ajay, un prof tout doux et chantonnant repondant au delicieux nom de Chidananda (qui accessoirement ne nous fait faire que 3 sun salutations B au lieu de 5, ce qui a egalement contribue a l augmentation de son capital sympathie) que j'ai continuer la pratique (les jours ou je n'etais pas dans un semi coma pour cause de chaleur). Une toute autre ambiance dans ce shala donc, ou on rigole quand on tombe, on sourit quand on recoit un ajustement verbal parce que c'est si gentiment dit, et ou on suffoque un peu moins grace aux fenetres ouvertes (chez Ajay toutes les ouvertures etaient colmatees soigneusement 'to avoid you guys getting cold and gettting injury!').

Et le weekend, quelques periples, dont vous pouvez voir les images ci dessous...

Rizieres a l'exterieur de Mysore, qui ont du merite de pousser malgre la secheresse ambiante

Des yogis qui ont trop chaud
Aux Jardins de Brindavan...
....ou l'on rencontre de feroces creatures...

...de majestueuses fontaines...
... et de delicatement entretenus bosquest, qui en font un lieu de tournage de predilection de films Bollywood a ce qu'il parait...

.... sous l'oeil bienveillant de  Krishnaraja Wodeyar IV, un peu palot....

Derriere le barrage qui delimite les Jardins, un grand lac, dans lequel on ferait bien un petit plongeon (s'il ne contenait pas 342 differentes sorties de parasites et de dechets peu ragoutants)
Et apres la seance photos...


... c'est l'heure de la sieste (et l'occasion pour les malins corbeaux de piquer petits pots de glace pour aller les lechouiller leur fond dans les arbres (avis aux biologistes, ca a une langue un corbeau?)
Section sagittale de Romana
Et un autre bus pour aller vers Chamundi Hills, trajet mouvemente, le bus oscillant dangereusement entre la colline et la falaise, le driver se curant le nez assidument au lieu de tenir le volant avec les deux mains... mais aucun souci a avoir, nous etions proteges par le rassurant Ganesh tronant sur le parebrise

Le fameux demon Mahishasu qui a donne son nom a Mysore (comment ca vous voyez pas le rapport?) dont j'ai deja parle dans un precedent message je crois)

Chamundi Hills c'est un des lieu de sortie dominicale favori des Mysoriens pour un ptit jus de mangue en admirant la vue sur la ville, et un passage au gros temple dedie a Shiva...

.... avant de redescendre la colline a pied, en passant dire bonjour au gros taureau  Nandi, le fidele destrier de Shiva, ici meme orne de jolies fleurs avec soin par le brahmin en charge


Des elephants en file indienne (forcement)

De nouveau a Chamundi...


Momo le coconutman qui a pas l'air commode avec sa machette
Brutus sur joli fond turquoise
Un homme impassible...
...et un singe ejectable

Fait divers : cambriolage de gamelle a Mysore
Que fait la police?

Un jour, en quete de reponses a mes questions existentielles recurrentes (que faire de ma vie, de quelle couleur peindre mes ongles de moignon doigts de pied, pourquoi les maisons sont toutes grises ou beige chez nous et pas roses ou violettes comme ici), et peu desoeuvree aussi, j'ai rendu visite a un palmiste...
... un palmiste n'est pas un fabriquant d^huile de palme, mais un mec qui lit les lignes de la main, et predit ton futur en te faisant lancer une poignee de coquillages 3 fois et en te delestant de 500 roupies, dans un petit bureau recouvert de babioles religieuses hindous et du portrait du binoclard oncle Albert...
'I see.... I seee 'you have small family, only one sister...you have job, very stressful job now I see.... you do business, you independent financially for a long long time... I see you work in different country you born... and oh! I see you very tired, sad, stomatch problems sometimes, because someone cast a jealous spell on you some years ago... if remove curse, everything good, you good business good money good marriage this year!!' Et moi, super impressionnee qu'il n'ait pas reussi a tomber juste par hasard au moins sur un truc : 'Oh my goooooood, how do I remove the curse then????' Lui: 'Only nine prayers, nine prayers 3'700 rupees! 6 prayers also good, 2'900 rupees! But 9 prayers best, success money more fast!'
Prise en flagrant delice!
La maison des Barbapapas


Un objet de culte incongru, recouvert d'offrandes de riz

Sur le menu du raffine Parklane Hotel Restaurant
A l'ecole de yoga / cafe Mandala, avec Fluffy, le chat anemique, en attendant depuis 45 minutes la salade de fruit preparee avec soin (trop de soin) par Kumar

Samedi dernier, c'etait apres-midi cinema : 'Zindagi Tere Naam", un chef d'oeuvre de kitscherie, remake du fameux film dramatico-romantique 'The Notebook', ostensiblement sponsorise par Johnny Walker et J&B (l'oncle de le l'amoureux econduit ayant toujours un verre a la main et une bouteille de whisky en arriere plan une scene sur deux). Dialogues en hindi mais etrangement l'anglais prenait le relais quand les personnages etaient sous le coup d'emotiosn fortes ('kiya hai jiivan apna saara sanam.... HOW COULD YOU DO THAT TO ME???') et une protagoniste serieusement indecement vetue, meme selon des standards occidentaux (d'autant plus rageant quand tu dois toi emme garder les epaules couvertes dans ce meme cinema a 35 degres pour ne pas choquer les cinephiles indiens presents)

Elle, c'est Blanche-Neige / Cendrillon, la femme (ou la bonne, mais ici ca n'a pas l'air de faire grande difference) de mon voisin d'en face, que j observe tous  les matins recurer les casseroles en buvant mon cafe sur ma terrasse. Elle s'acharne a la tache pendant des heures (a croire qu'elle nourrit une famille de 15 personnes tous les soirs) au milieu des arbres, peuples de corbeaux et ecureuils qui viennent picorer les restes de nourritures tout pres d'elle... On dit que les trois lignes blanches qui ornent le dos de ces petits ecureuils viennent des doigts de Rama, qui ont caresse affectueusement l'animal apres que celui ci l'eut aide dans sa croisade pour sauver Sita des griffes du mechant Ravana

Un projet de loi est en ce moment discute par le parlement au Karnataka, visant notamment a faire passer de 6 mois a 7 ans la peine de prison pour tout meurtre de vache. Malheureusement, il s'agit d'une revendication de l'extreme droit  nationaliste hindoue pour imposer ses vues religieuses a tous et non d'une avancee de la cause animale en Inde...
En attendant dodo (et pas Godot)
Et une petite serie d'images du riche en couleurs Devaraja Market, un delice pour les pupilles!

Ce ne sont pas des bougies ni des savons mais du jaggery, des gros pains de sucre de canne non raffine

Syed, le malin petit vendeur polyglotte du prospere magasin d'huiles essentielles et d'encens, qui m'explique en mi hinglish mi-francais : 'Try my hand made incense, the best buying best smelling incense in Mysore! C'est trodlaballe! Tip top! Smell it, how many you buy? One box, two box, tree box? Alaizblaise! Ca dechire!`'


"Allez Govinda mets moi un 3eme bouquet de coriandre pendant qu'on y est... J'ai les Duschmol qui viennent manger ce soir"
Un petit OM avant de se jeter sur le dhal
Au paradisiaque lac de Karanji, oasis verte et avicole en plein Mysore

Dans les magazines feminins indiens, pas d'echantillons de parfum ou de fond de teint mais de la lessive. Pour la liberation de la femme on reviendra...


'Tu veux ma photo?' (euh oui!)




Et le dernier periple a ete Bylakkupe, village de settlements tibetains, petit  paradis calme et qui sent la guarrigue a une centaine de km de Myosre...

Tsering et Namsang et leur imposant cor des Alpes tibetain qui imite de facon impressionnante le meuglement de vache
L'Universite bouddhiste de Sera Je

Un Anglais et une arche bouddhiste a contrejour

Le Golden Temple a Bylakuppe
Un groupe d'Indiens atteints de paparazisme aigu dans un temple de Bylakuppe
Free Tibet!


Le Mysore Palace version Rock Star
 Et pour finir la journee, un dernier tour au Mysore palace illumine...
Qui a dit que les pigeons n'etaient pas des lumieres?

Et comme le periple touche a sa fin, j'aimerais ici remercier tout ceux que j'ai rencontre sur le chemin et qui ont rendu ce voyage si special, tous ceux qui depuis la maison etaient la pour se rejouir lors de mes poussees d'enthousiasme et de mes prolongations successives (et aussi pour m ecouter lors de mes moments 'marre-de-ce-pays-de-degeneres-je-veux-rentrer-a-ma-maison'), mais aussi 2 compagnons vaillants qui m'ont suivis pendant ces presque 6 mois, sans qui ce voyage n'aurait pas ete possible:

Mes Havaianas degueu qui ont le merite d'avoir tenu le coup apres avoir ete portees 176 jours consecutivement, a travers les routes, les champs, les aeroports, les gares, les grottes, les plages et les bouses....
Et ma bouteille SIGG toute cabossee, qui en plus d'avoir fait diminuer mon empreinte ecologique pendant ce voyage, va me permettre de rappeler que meme de retour a la ville on peut garder un peu de magie et de verdure dans la tete...