Yoga Thailand, Koh Samui

Apres une longue absence pour cause de yoga intensif, voila le blog de retour pour vous compter de nouvelles aventures!

Mais commencons par l'aventure yogique. J'ai donc debarque a Yoga Thailand, un centre paradisiaque au bord de la mer qui propose des retraites de yoga et des sejours "wellness" d'inspiration ayurvedique en tout genre (que je recommande tres tres fortement a toute personne interessee!)

Apres 5 mois de pratique intensive, d'apprentissage des noms de postures a coucher dehors - rien de tel que de pouvoir dire "tortue qui dort" (supta kurmasana) ou "chien tete en bas" (adho mukkha svanasana) en sanskrit pour frimer dans les soirees -, et de lectures dont les titres m'auraient fait eclater de rire il y a quelques annees ("The Science of Breath" avec une photo d'un nez dans un nuage esoterique en gros plan, "Yoga Sutras", etc.), il va sans dire que l'excitation etait a son comble a l'arrivee au centre pour ces 4 semaines de formation! Pas mal d'apprehension ces derniers mois aussi, lorsque par moment j'oubliais que le yoga n'est pas une discipline olympique ("et si j'arrive pas a mettre mes bras dans mes jambes en lotus pour la posture du coq, tout le monde va se moquer de moi je parie? et si le prof voit que je suis nulle dans les jump through, il va me virer parce que je suis trop naze hein?"), qui se sont neanmoins dissipees rapidement apres la premiere session (non, personne ne se moque, les autres sont tout aussi occupes a inserer leurs bras dans leur lotus que toi et on est la pour apprendre, pas pour faire des concours de contortionnisme!). 

Ambiance joyeuse, detendue et internationale surtout, avec 39 participants de 19 pays differents, du Cambodge a l'Autriche, en passant par l'Arabie Saoudite et le Perou, de 22 a 46 ans! Certains etaient clairement la pour "apprendre a etre prof", ayant deja une place qui les attend dans un studio chez eux, commes Nic et Pi, un mec et une fille d'une vingtaine d'annes qui  donnaient deja des cours de yoga a des enfants defavorises a Phnom Penh, mes la plupart comme moi qui voulaient surtout approfondir leur pratique et pourquoi pas pouvoir donner des cours a quelques amis et proches sans risque de meurtrir ceux-ci par manque de savoir faire (sorry encore Timo :)

Enfin!!

Comme vous pouvez le voir ci-dessous, le cadre etait pas degueu, c'est le moins qu'on puisse dire, avec une jolie piscine d'eau salee pour les jours ou la mer turquoise etait infrequentable pour cause de meduses, un shala superbe avec un parquet a se damner, un juice bar ou se procurer shots de spiruline et jus de legumes a foison, un resto dote de coussins confortables ou s'affaler et siroter une noix de coco fraiche entre deux cours, un sauna herbeux (desolee d'avance pour le francais approximatif de ce message, je n'ai pas pu m'entrainer depuis moment et mon cerveau ramollit), une palette de massages incroyables effectues pas des personnes competentes (ca nous change du Laos) et des chiens joviaux meme pas galeux gambadant gaiement sur la plage! Sans parler du magistral vegebuffet biquotidien, qui aurait rendu vegetarien Mr Charal lui meme!

Pour un plouf express entre le cours de chant de mantra et le cours de philosophie!

Plouf alternatif dote de meduses

Le menu du jour! Faudra encore leur expliquer que "ahimsa" s'applique aussi aux poissons...  

Ou faire secher ton tapis de yoga des flots de transpiration deverses pendant la pratique du matin

Le casier a tapis de yoga a l-entree du shala

L'autel dedie a Patanjali et Ganesh au centre du shala, face a nous durant la pratique...

... et les maitres qui veillaient sur notre pratique de leur regard bienveillant, dos a nous.

L'heure du gouter!

Le fait qu'il y ait une poubelle specialement dediee aux noix de coco vide (a gauche, celle de droite etant reservee aux restes de nourriture)  vous laisse imaginer la quantite consommee au centre (une centaine par jour)

Et c'etait donc parti pour un mois riche et intense, qui s'est ecoule trop vite pour avoir le temps de dire "om"! Reveil a 5.45 devant un ciel idylliquement rose, au son des oiseaux tropicaux et des insectes qui commencent a gresiller de joie devant cette aube providentielle.... Mais pas seulement. A partir du 5eme jour, nous avons ete initie aux "kriyas", des methodes de purifications yogiques que nous devions des lors effectuer tous les matins. Malgre des noms enchanteurs tels que "vaman", "jala neti", "sutra neti", ces rituels millenaires et les bruits qui en resultaient etaient en fait un peu moins charmants.

Se reveiller au doux son de "vaman", c'est entendre ton voisin de chambre gerber 2 litres d'eau salee prealablement ingurgites d'une traite, senses nettoyer ton estomac de l'exces de bile et de mucus et te purifier de l'interieur (voir soigner les scolioses selon certaines sources). Ma coloc, Adele, et moi, recalcitrantes a l'idee de vomir tripes et boyaux de bon matin, nous contentions de "Jala neti" (verser de l'eau salee dans une de tes narines et la faire ressortir par l'autre, tres bon pour nettoyer les sinus) et de "Sutra neti" (inserer un petite tuyau dans ta narine et le faire ressortir par la gorge, que t'attrape avec l'autre main, et ensuite tirer d'un cote a l'autre comme quand tu passes le fil dentaire, sauf que la c'est du mucus que tu deloges, voire des croutes si t'as la creve, et non de la plaque dentaire).

5h45 une heure indecente pour se lever mais une vue depuis mon lit qui aidait a faire passer la pilule

Adele en plein jala neti dans notre salle de bain

Et votre devouee en plein "nose flossing", aka sutra neti

Apres une douche rapide (une douche normale, rien de bizarre je vous rassure) et un petite infusion de gingembre et de citronnelle en admirant le lever de soleil sur la plage, c'etait deja 7h, l'heure du "pranayama", comprenez exercices de respiration. Apres quelques chants de mantras pour se mettre dans l'ambiance et des pensees positives pour bien commencer la journee, on effectuait une series d'exercices bien precis auquels on avait ete inities pendant la premiere semaine. Pas si evident de les pratiquer correctement, et les 2 ou 3 profs presents etaient bien utiles pour repondre a nos questions ("pourquoi j'ai la tete qui tourne quand je fais kapalabhati? est-ce que je dois contracter mon perinee pour agni sara? je fais quoi si j'arrive pas a mettre ma langue en tube pour Sitali?"). Difficile de comprendre pourquoi faire des vagues avec ton ventre ou tirer la langue en faisant "haaaaaa" et en louchant peut changer ta vie au debut, mais je vous promets que par la suite, tout prend du sens! Une super decouverte donc, et une pratique que j'espere continuer et approfondir par la suite. D'autant que Paul, sur la base de notre pouls qu'ils a pris plusieurs jours de suite, et de notre profil ayurvedique et d'autre info, nous a a chacun prescrit une sequence pranayama personnalisee a continuer par la suite. Chouette donc.

Vers 8.30, apres le pranayama, on passait a la pratique Mysore, donc chacun a son rythme, ajustes par les profs, impitoyables, et suant comme des gorets (nous, pas les profs). Et quand je parle de sueur, je ne parle pas de gouttes de respiration qui coulent, non, je parle de RUISSELLEMENT, de flots qui se deversent sur ton tapis tels des rivieres salees, au point que ca en devient dangereux de marcher entre les tapis! Et si c'est embetant de se blesser en faisant du yoga, c'est encore plus ridicule si ca arrive en glissant dans la transpi et pas en faisant une super pause... Un allemand voisin de mon tapis, qui je pense aurait pu gagner la palme de la transpiration (c'est le cas de le dire) s'est amuse a se peser avant et apres la pratique: 2kg en moins! Donc 2 litres de transpiration! Multiplies par 40 personnes = 80 litres! Assez pour approvisionner en eau un village du Burkina Faso pendant 3 semaines!

Bon treve de plaisanterie, la pratique etait, vous l'aurez compris, intense. Apres un savasana beni, et un saut dans la piscine pour refroidir la machine, c'etait l'heure du brunch et surtout de la boisson aux electrolytes pour rehydrater tout ca. Ensuite, a peine  le temps de travailler sur nos lectures (un beau classeur bien fourni de textes en tout genre, d'explications sur les postures, de mantras a apprendre, de conseils divers et varies, un bien precieux, tout aussi precieusement annote que j'ai garde dans mon sac a dos et pas envoye a la maison avec le reste de mes affaires trop lourdes par peur de le perdre!) et par la meme occasion de travailler sur nos bronzagse au bord de la piscine que la gong sonnait les 12.30 pour notre seance de chants de mantras avec Elonne, une prof geniale qui pourrait etre sur la photo d'illustration pour le mot "paix interieur" dans le Larousse (bon je sais, "paix interieure" c'est deux mots, pas un, mais on se comprend).

A 13h, c'etait parti pour 2h30 de cours de philosophie avec Paul, qui lui pourrait non seulement illustrer "paix interieur" mais aussi "guignol du coin". Apparemment, avant d'etre le maitre yogi qu'il est, Paul etait un aspirant comedien a NY et ca se voit. Car pouvoir faire le pitre tout en interpretant et en tirant les perles de sagesse des Yoga Sutras et du Bhagavad Gita, c'est un exploit, et un exploit particulierement appreciable pour 40 yogis creves de leur pratique matinale et en pleine digestion. La troisieme semaine, au lieu du cours de philo, on avait anatomie, et Oscar notre squelette yogi etait la superstar. Vers 15.30, on passait ensuite a l'etude de postures, 2 ou 3 chaque jour, pour lequels l'un d'entre nous faisait le cobaye a chaque fois. La encore, malgre le serieux de la chose, et les notes studieuses que nous prenions tous pour nous rappeler des elements cles de chaque posture, ca partait souvent en rigolade, voire en imitation de Zoolander (allez savoir comment on en etait arrives la).

La valse

La prise de catch

Les couillons avec un bloc sur la tete

Les roulades

A 17h, c'etait l'heure pour nous de commencer a se donner des mini-cours mutuellement 2 par 2, au debut juste des salutations aux soleil et ensuite de plus en plus de pauses. Difficile de trouver les mots au debut, surtout pour les pauvres non-anglophones parmi nous ("euhh..... raise your bras in the air.... bring your left foot back, euh non, the right foot, oh and i forgot, inhale...) mais avec le temps, c'est devenu moins pitoyable et meme carrement correct a la fin. La derniere semaine, chacun a du donner un cours entier d'une heure a 5 comparses, avec evaluation par un prof qui prenait des notes a cote et nous observait d'un regard impitoyable (encore). La, j'etais tellement stressee que j'ai failli faire "vaman" involontairement (voire plus haut). Mais tout s'est finalement bien passe, pour tout le monde d'ailleurs et nous sommes finalement tous repartis avec notre diplome en poche!

A 18h, exode vers le restaurant et moment sympathique d'echange avec les autres etudiants et les profs. Principal sujet de conversation: les blessures! En fait, la question n'etait pas "do you have any injuries?" mais "what injuries do you have?", le top 5 etant le hamstring tendonititis (surnomme le "pain in the ass" par notre prof d'anatomie, cette douleur se situant en effet exactement a cette endroit, je peux en temoigner), l'etirement des ligaments du genou, la douleur d'epaule, l'articulation sacro-iliaque et ... heu.. la mega piqure d'insecte. Je realise que je fais pas vraiment de la pub pour l'ashtanga la, mais finalement, comme on l'a tous appris pendant ce sejour, toutes les douleurs et les blessures nous apprennent quelque chose, non seulement sur notre pratique, mais sur nous. Quoi de plus frustrant que de plus pouvoir faire des postures que tu faisais les doigts dans le nez (facon de parler) il a 2 jours? Bonne lecon d'humilite, pour te rappeler que le yoga ce n'est pas frimer en mettant tes jambes en lotus derriere ta tete ("z'avez vu ce que j'ai fait? t'as vu comment que je cartonne ma race tellement je suis souple??") c'est une pratique interieure en premier lieu, dont un des elements cles est de pratiquer pour pratiquer, quel que soit ton etat et les circonstances, et non pour reussir ou obtenir quelque chose. Et une belle lecon de compassion aussi! Phrases reconfortantes, echange de pots de baume du tigre et de tubes de Voltaren... Rien de tel pour creer des relations fortes avec tes co-yogis!

A 19h30, la soiree se terminait soit par un film (non pas Austin Powers 3, un film sur le yoga) ou une seance de tratak (observation d'une bougie sans cligner des yeux jusqu'a ce que tu pleures et ensuite visualisation de la flamme les yeux fermes, pour purifier les canals lacrimaux et avoir un effets sur les pensees refoulees dans le cerveau) et de chants de mantras.

Et vers 21h, sans demander notre reste, on allait s'ecrouler dans nos chambres...

Parfois, c'etait la tornade dehors!

Mais c'etait joli quand meme...

Mon coude meurtri, apres que j'ai tente de convaincre mes bras de rentrer dans mon lotus pour Garba Pindasana

Morgen et Adele, toutes sourires a la ceremonie de graduation!

Jodi, Christine et Radhika!

La "energy ball", mon snack favori du juice bar (non ce n'est pas une crotte de bique roulee dans la noix de coco, mais un melange datte, noix de cajoux, spiruline)

En train de rester eveilles jusqu'a la fin du film...

Le deuxieme shala, face a la mer

Oh la frime! (pas tres yogique tout ca :)

Une des "phrases du jour" exposees devant le centre wellnesss

Alors voila, c'est termine et j'avoue que le retour a la "vraie vie: est un peu rude. Comment passer de "om", lotus et jus de betterave/spiruline a techno cheap a fond, bars a "filles de joie" / touriste puant en wifebeater, et burgers putrides? Pour des raisons diverses et variees j'ai du passer quelques jours dans ce cauchemar du tourisme thailandais et thank god, demain, je me tire dans un autre petit centre de retraite vegeyogi de Koh Samui, avant de partir plonger a Koh Lanta! Et ensuite, comme rien ne se passe comme prevu en Asie, au lieu de rentrer feter le petit Jesus parmi les miens, je pars... a Goa pour plus de yoga (prions pour mon visa)! (c'est fou mais Goa c'est presque l'anagramme de Yoga! Trop marrant). A bientot les amis!