26 August 2006

Une fois n est pas coutume, j ecris ce blog depuis mon lieu de periple (ca fait tres aventureux, "periple", non ? alors que je suis dans un cyber cafe des plus modernes, avec lassi a disposition et moquette sous mes pieds...): Cochin ou Kochi, une ville assez multiculturelle puisque c etait la premiere implantation europeenne (si j ai bien compris) donc d abord occupee par les Portuguais, qui y ont construit la 1ere eglise d Inde (rien de transcendant je vous rassure, meme si ce brave Vasco de Gama y a ete enterre), puis les Hollandais (qui ont transforme l eglise en temple protestant), puis les Anglais (qui vous l aurez devine, ont transforme la fameuse eglise en eglise anglicane) puis enfin rendu aux Indiens (qui en ont fait ce qu ils pouvaient, c est a dire un truc assez basique mais sympathique, avec une drole d horloge style western sur le devant). Voila pour l histoire. Mais tout ca, ca se trouve sur Fort Cochin, une des petites iles qui entoure la "vraie" ville ou il y a la gare et tout ca : Ernakulam, enorme et bruyant amas de magasins, rickshaws, neons, bus que j ai un peu mal supporte. Il faut dire que j avais 5 heures de train dans les jambes et autant d heures de sommeil en retard, ce qui n aide pas a l ouverture d esprit et aux joies de la decouvertes...
Suite aux recommendations inquietes de mon entourage ("en Inde, quand tu prends le train, dans le meilleur des cas tu dois partager ton siege avec un lepreux sans bras ni jambes qui a le sida et au pire tu te fais voler ton fric, ton passeport et meme ton slip par des detraques extremistes cashmiris...") j ai donc reserve un siege en 2AC (2eme classe air conditionne)et ce qui devait arriver arriva. Je me retrouvai dans un compartiment aussi confortable que la business class en Lufthansa, sieges molletonnes, etui pour ta bouteille d eau, jacuzzi et meme toilettes occidentaux ! Le comble du luxe ici. "Pourquoi n en as tu pas profite pour faire un somme ?" me direz vous. Tout simplement parce qu a la difference des lepreux, les passagers de 2AC sont plutot civilises, donc parlent anglais et sont ravis de s entrainer avec vous. J ai donc passe 4h a discuter avec un ancien observateur de l ONU au Cambodge, middle age man assez distingue, bavard mais toutefois sympathique (et je confirme, meme les indiens upperclass mangent comme des cochons avec leurs doigts : mode d emploi -> Fais une boulette avec le riz et les chutneys ou autre condiments et enfourne le tout dans ta bouche bien profond, en utilisant bien sur seulement ta main droite, la gauche etant utilisee pour tu sais quoi ici. Ensuite, ne leche pas tes doigts, malheureux ! Interpelle d un air pince le serveur et exige des serviettes en papier avant de lui balancer une poignee de roupies dans la main.
En arrivant a Ernakulam, telle la baroudeuse, je me lance donc dans une rue apres avoir jete un coup doeil approximatif a ma carte, sure d arriver a la jetee pour le ferry en 5 minutes. 20 minutes plus tard, ruisselante et pleine de rage contre ce pays stupide qui n est pas capable d afficher les noms des rues, je hele un rickshaw qui m amenera a bon port (c est le cas de le dire). Des la queue pour le ferry, le harcelement commence. En gros "What your name, where from, have a look at my shop, come in my ferrari (en fait un rickshaw pourri) etc..." En fait, en arrivant a Fort Cochin (l ile ou j ai dormi et ou je suis maintenant), tout s explique. Ici, c est surtouristique, et les indiens ne sont pas du tout intimides par les occidentaux comme ailleurs. Au mieux ils sont juste curieux et au pire carrement casse-couilles (pardon pour la grossierete mais ca atteint des sommets), d autant plus quand tu es une fille seule ou tu te fais carrement suivre par un rickshaw pendant une route entiere. Ta seule arme : les ignorer. Des que tu croises leur regard c est foutu. Et en ce qui concerne le cote gustatif de la ville, comme partout dans les endroits touristiques, c est bof et c est cher. Et surtout c est tres difficile d avoir autre chose que des nouilles, des frites ou au mieux du poisson. "Comme elle se la joue routarde blasee qui a tout vu!" vous direz vous. Non en fait, il y a quand meme un truc appreciable ici, c est le calme relatif et la taille raisonnable du village. J ai donc passe une apres midi tranquille a me promener, pour ensuite assister a une demonstration de Kathakali, danse/piece de theatre traditionnelle basee essentiellement sur les expressions du visage de l acteur (exagerees et carrement grotesques parfois)accentuees par un maquillage elabore aux couleurs chatoyantes (c est moi ou je parle comme un guide touristique la ?). Plutot distrayant et assez drole car peu professionnel : c est un fait une ecole qui fait des representations, alors ils ne sont pas toujours tres au point et ca tient parfois presque de l impro entre pote, du moins au niveau musical...
Bref a 9h, je rejoins l' "Elite hotel", qui n a d elitiste que le nom. Mais mes exigences principales sont comblees : proprete, toilettes occidentaux et cadenas a la porte, le tout pour 300 rupees, 7.50 CHF si je ne m abuse, ce qui est bien mais pas top pour l Inde. Nuit peu depaysante en raison d un chien qui aboyait sous ma fenetre, j ai dormi comme un loir. Aujourd hui au programme : exploration du quartier juif et de la synagogue (pour tout vous dire, il ne reste que 12 juifs la bas, tous les autres se sont exiles en Israel... J en connais qui doivent regretter leur choix aujourd hui...). Puis retour a Ernakulam pour prendre mon train, cette fois en CC (chair class) que j espere plus depaysant que l aller...

No comments: